• DE PICASSO A BACON

     

    DE PICASSO À BACON

    DE PICASSO À BACON

    L'Autoportrait réalisé par le peintre espagnol Pablo Picasso en 1907, 50 cm X 46 cm est conservé au Veletržní palác par la galerie nationale de Prague (République tchèque). Il s'agit de son autoportrait le plus célèbre. L’autoportrait est assez réaliste, mais les formes sont géométriques: Visage triangulaire, grands yeux ovales, les lignes dessinées par les traits du visage, la mèche de cheveux et les plis des vêtements. C’est le début de la "période rose" de Picasso (il utilise les tons de rouge).  Nous sommes au tout début du mouvement cubiste. On reconnaît la tendance à la géométrisation des formes, sous la double influence de l’art nègre et de la peinture de Cézanne. Les couleurs rappellent celles du tableau Les Demoiselles d’Avignon. Elles rappellent également les couleurs des vases grecs de l’Antiquité, qui fascinaient le peintre.

    Dans cet autoportrait, il pose en buste (plan rapproché) mais de face cette fois. Le visage est anguleux, les zones d’ombre sont remplacées par des traits noirs plus raides que souples. Les traits du visage sont marqués, les yeux très agrandis (tout l’iris est visible et ne différencie pas de la pupille), le nez est également épaissi et allongé. La gamme des couleurs est chaude : elle tourne autour des bruns et des orangés, la chemise et le haut de la blouse sont traités dans un blanc cassé, la chevelure très noire à peine éclairée de lignes blanches le support est laissé apparent… La technique semble toujours rapide, pleine de vigueur; la couche picturale a parfois été frottée pour obtenir des zones claires, les détails ont été supprimés au profit d’une plus grande expressivité.

    Picasso a 26 ans. Il est jeune, et essaie de se mettre en valeur. Sa coiffure est soignée et il a une tenue élégante: chemise blanche, manteau d’une belle étoffe. Le peintre tient à montrer le meilleur de lui-même, il est élégant, bien coiffé. Picasso est heureux, il vit depuis deux ans au "Bateau-Lavoir" et a rencontré sa première compagne, Fernande Olivier. Après la "période bleue", plus mélancolique, c’est le début de la "période rose". Pendant cette période, il exploite les thèmes de la joie, de l’amour et de l’inquiétude existentielle. On voit ainsi dans cet autoportrait un contraste entre l’impression de chaleur apportée par les couleurs et la froideur de l’expression du visage. Les yeux immenses et disproportionnés donnent également au personnage une expression trouble, mélancolique. 

    "Faut-il peindre ce qu'il y a sur un visage? Ce qu'il y a dans un visage? Ou ce qui se cache derrière un visage?", Pablo Picasso. 

     

    DE PICASSO À BACON

    Selfportrait est une Huile sur toile du peintre Francis Bacon (35,5 x 30,5 cm) exposé à Paris au Centre Georges Pompidou. Ce tableau représente donc le peintre, tel qu’il se voit de l’intérieur, avec son sentiment de mal être. La tête est disproportionnée par rapport aux épaules qui semblent très frêles.

    Au premier plan, on voit donc une figure déformée, en gros plan. Elle occupe tout l’espace. Avec ses grands aplats de couleurs sombres (noir, gris, vert , rouge et orangé) cernés par un fond noir qui contraste, il heurte le regard.

    Impossible de distinguer les traits du visage tant les contours sont flous, torturés, sinueux. L’artiste perd son identité en même temps que son visage. Pourtant, il s’agit bien d’une figure humaine, torturée par le mouvement, déformée et qui occupe tout l’espace.

    De temps en temps on croit distinguer un élément qui se fond aussitôt dans une masse informe, comme agitée par des émotions trop fortes. La lumière laisse une partie du visage dans l’ombre, comme si le modèle avait laissé derrière lui une part de son humanité ; comme si le peintre voulait cacher aux autres son côté sombre, ses pensées secrètes, et ne laissait affleurer que des émotions qu’il ne peut contenir. Les traits torturés créent de la violence. L'artiste malaxe la chair pour en faire jaillir les émotions, la souffrance de son moi intérieur. Le spectateur est alors mal à l’aise devant cette masse informe.

    "Vous savez, pour moi la peinture... Et plus je viellis, plus c'est vrai... Est un accident. Je la conçois, mais je n'arrive presque jamais à ce que j'avais prévu. Elle se transforme elle-même. En fait, je sais rarement ce que sera la toile et beaucoup de choses se produisent par accident, parce que cela devient un procédé de savoir quel élément de l'accident je vais choisir de préserver". Francis Bacon.